L’expérience de l’avion

Il fallait bien qu’un jour je vous montre mon grain de folie… Alors voilà, ce jour est venu… J’ai décidé de faire une petite expérience. Peut-être le savez-vous ? En avion, nos sens sont perturbés : c’est pour cela que les plats sont plus salés que sur la terre ferme par exemple. De plus, on n’est pas aidé par le fameux « bruit blanc » qui, selon des études, serait responsable du mauvais goût des repas en avion : le bruit blanc, alternance de sons à diverses fréquences comme le bruit des moteurs, diminuerait notre capacité à reconnaître le sel et le sucre dans les aliments ! Mais le vin dans tout ça ? C’est là ma petite expérience : commenter des vins que l’on m’a servi durant le vol et refaire la dégustation sur terre afin de voir s’il existe une différence…    

« Un avion symbolise la liberté, la joie, la possibilité de comprendre. Ces symboles sont éternels« 

Plateau Air France et sélection de vin

Olivier Poussier est le meilleur sommelier du monde 2000 en charge de la cave Air France. Il a donc choisi la sélection suivante en plus du Champagne Veuve A. Devaux Cuvée D. L’adage d’Olivier est « Small is beautiful ». Voilà donc pourquoi il a choisi des ‘petits vignobles au grand mérite’. 

Sélection de vin dans l'avion

Dans les airs & sur la terre : 

– Saint-Véran, Joseph Drouhin, Bourgogne Blanc 2011 (100% Chardonnay)

Up in the air :Jolie couleur paille d’une intensité moyenne, limpide et clair. Le premier nez est beurré et citronné. Mais les molécules odorantes ont du mal à s’extraire et c’est grâce au second nez que les arômes ont pu véritablement s’exprimer. Ainsi après avoir fait tourner le vin, le citron ressort accompagné de fraîcheur et d’un boisé léger. La bouche reste fraîche et boisée également mais ce dernier n’est pas mis convenablement, à mon goût, en valeur. Le citron se mêle aux fleurs blanches ainsi qu’à l’abricot et la pêche. L’évolution est sucrée et la finale l’est encore plus sur les agrumes confits expliquant la légère amertume de fin de bouche. Pourtant l’équilibre des sapides semble bousculé: acidité accrue, sucrosité dans l’évolution très importante, amertume de fin de bouche… Avec en plus la présence d’un alcool vineux désagréable à la fin de la dégustation. 

The feet on the ground :Jolie couleur paille d’une intensité moyenne avec des reflets vert. Le vin est clair et brillant. Le premier nez est intense avec des arômes de fruits et de pain grillé. Le second nez permet de détecter le citron, le beurré agréable et une légère sensation d’herbe verte fraîche. La bouche est sur la fraîcheur également avec toujours cette sensation de délicatesse et de gourmandise. L’abricot prend le dessus avec d’autres fruits à noyau. La finale est agréable avec une légère amertume, l’ensemble est rond. 

– Fleurie La Réserve Villa Ponciago, Bouchard Père et Fils, Beaujolais 2010 (100% Gamay)

Up in the air :Avec une robe violine rose, on ne peut que reconnaître un Beaujolais clair et brillant. Le nez est fruité, léger et on sent bien la cerise, la fraise et un peu de fleur comme la pivoine. Le second nez confirme le premier avec du fruit, de l’intensité et de la gourmandise même s’il semble droit. La bouche par contre est une déception: aqueuse, vide et même amère. La dégustation se termine en beauté avec une finale sur la mûre. 

The feet on the ground :La couleur de ce vin est violette. Le nez fruité est intense avec des arômes de fraise, de cerise et un peu de raisin. Vive le Beaujolais ! Le second nez est aussi fruité avec toujours ce sucré qui emplit le nez. Des fruits noirs apparaissent comme la myrtille et la mûre. La bouche est soyeuse avec une impression de légèreté accentuée. Il y a le fruit mais peu de structure avec des tanins très souples. La finale est relativement courte mais fruitée. 

– Château Haut Condissas, Jean Guyon, Médoc 2007 (Merlot et Cabernet Sauvignon)

Up in the air :Joli rubis sombre avec des reflets cerise, brillant et limpide, la couleur est une belle promesse. Le premier nez est aromatique et se partage entre le fruit (la mûre) et la viande grillée. Le second nez est plus complexe : boisé, fumé, torréfié… Il y a un côté Brett que je trouve intéressant car il se marie avec l’ensemble. La bouche est fraîche, légèrement amère avec des notes de cuir et de mûre. Il y a un joli mélange entre le fumé, le boisé et le torréfié encore. Un peu astringente, la dégustation se termine sur la whiskylactone, la vanille et la mûre. C’est un Médoc classique, agréable avec un boisé qui semble pourtant prendre le dessus sur le fruit. 

The feet on the ground :La robe est digne d’un Médoc, sombre, intense et rubis. Le premier nez est fruité avec des notes de fruits noirs. Le second nez apporte du relief avec de la complexité : du fruit (mûre, cassis et myrtille) mais aussi du boisé (cèdre) et une jolie impression de torrefaction (moka et chocolat). La bouche est intense avec la note boisée puissante qui offre des tannins souples et soyeux. La bouche est veloutée, la dégustation est agréable, il y a un bel équilibre. C’est un très joli vin avec une finale longue sur le café. 

L'expérience de l'avion avec dégustation de vin

Suite à cette dégustation comparative, j’ai l’impression que l’amertume a une place de choix ‘Up in the air’ ! Les vins semblent avoir perdu de leur équilibre. Le sucre et le sel, dont la sensation gustative diminue avec l’altitude, y sont peut être pour quelque chose. Les vins n’ont pas dégagé l’ensemble de leur pouvoir aromatique et c’est bien domage. Ensuite, il faut tout de même rappeller que le Champagne reste le vin d’honneur de nos compagnies aériennes ! En effet, une pression atmosphérique moindre rend la sensation de bulle plus fine et accentuée. Le Champagne en devient plus délicat. Alors à vos coupettes ! 

Pour connaître les avis des voyageurs sur les plateaux repas que vous pouvez ‘déguster’ à bord voici un site très utile : www.airlinemeals.net

Cet article vous a plu ?

Si cet article vous a plu vous pouvez le partager avec vos amis et continuer à en discuter sur les réseaux sociaux.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest